Juste avant l’été 2020, l’assemblée générale de Danone a approuvé le statut de « société à mission », qui formalise pour les entreprises la poursuite de finalités non seulement économiques mais également sociales et environnementales. Ainsi, Danone devient la première entreprise à mission du CAC40 et la première multinationale cotée dans le monde à être une « benefit corporation » – son équivalent anglo-saxon.
L’annonce de Danone a suscité des réactions variées, mais aucune autre entreprise du CAC40 n’a manifesté d’intention de devenir à son tour entreprise à mission. On pourrait attribuer le caractère exceptionnel de l’engagement de Danone aux enjeux environnementaux gigantesques de son secteur. Cependant, la grande distribution – secteur aux mêmes enjeux – ne s’est pas encore déclarée désireuse de suivre les pas de Danone. Pas plus d’ailleurs que les grands groupes de l’énergie ou du transport. Une autre explication de la discrétion des grandes multinationales pourrait être que, dans l’univers des P-DG ou des investisseurs, l’idée de poursuivre des finalités autres qu’économiques reste encore totalement inacceptable.
Voici un debrief que nous avons fait le 3 Juillet, 2020 dans l’émission de BFM Business Objectif Raison d’être : « Danone devient la première entreprise à mission du Cac40 » (5 minutes à partir de 14’45).
In mid-March, COVID-19 locked down most of Europe and Asia. For Sterimed, a 900-employee maker of high-end sterile medical packaging, this development brought mixed news. The sudden 40 percent increase in demand for its products was welcome, but ramping up production within its French plants posed a real challenge. One element was particularly thorny: Procuring protective masks for workers was impossible in France.
Because it refused to endanger its employees, Sterimed needed masks. Having sold its products to China for years, it quickly realized that one of its Chinese clients was indeed producing protective masks and could send several boxes of free samples, which didn’t infringe on China’s ban on the commercial export of masks. Sterimed ended up with more masks than it needed, and CEO Thibaut Hyvernat immediately thought he could pass them on. “I started calling my friends who run businesses and began sharing some of the spare masks,” he told us. Then, something struck him: “Instead of helping several dozen friends, I could help 20 million friends!”
Covid-19: patrons, contribuez au bien-être collectif, pour de bon!
Le Figaro, 4 juin 2020.
TRIBUNE – Auteurs de L’Entreprise altruiste (Albin Michel), Isaac Getz, professeur à l’ESCP, et Laurent Marbacher, consultant, montrent comment les entreprises peuvent créer de la valeur sociale sans sacrifier pour autant leurs profits.
Par Isaac Getz et Laurent Marbacher
Le 24 Mars, Laurent Cavard, PDG d’Altho , producteur breton de chips, a mis le feu aux réseaux sociaux. Un fournisseur a fait «fuiter» la lettre lui annonçant l’augmentation des tarifs de tous les transporteurs de 8,75%.
Oui, vous avez bien lu: au cœur de la crise du Covid-19, Altho a décidé de payer ses fournisseurs plus cher qu’avant. C’était un choc: qui peut s’attendre à voir des entreprises se comporter ainsi? Et pourtant…
Selon un sondage OpinionWay daté du 20 mai 2020, 82% des Français refusent que les entreprises «s’occupent uniquement de la performance économique de leur activité», considérant qu’elles doivent également contribuer au bien-être collectif.
« Les généraux sont toujours préparés, lorsqu’il s’agit de mener la dernière guerre. » Si cette affirmation fait largement consensus, elle serait mal reçue si nous écrivions que « les dirigeants d’entreprise sont toujours préparés, lorsqu’il s’agit de relever les défis du passé ». Est-ce vraiment normal ? Non, car la plupart des entreprises ont bien été façonnées en relevant les défis du passé, et non pas en vue de ceux de demain.
Bien sûr, beaucoup d’entreprises s’attachent à identifier les enjeux à venir, puis cherchent à se transformer pour y répondre. Mais une telle démarche a-t-elle vraiment un sens dans un monde VUCA que la crise du COVID-19 met particulièrement en relief ? L’alternative existe, pourtant : se préparer à affronter l’avenir, quel que soit le visage qu’il présente.
Utopique ? Pourtant, pendant cinq ans, nous avons observé plusieurs dizaines d’entreprises qui sont devenues ce que nous appelons « altruistes » et qui relèvent avec succès les défis auxquelles elles sont confrontées, y compris celui posé par le covid-19. Elles y parviennent en servant inconditionnellement leurs salariés, leurs clients, leurs fournisseurs et les communautés où elles opèrent, et elles le font à travers leurs activités de cœur de métier. Cela semble étonnant, mais c’est là que réside également leur secret – leur façon de réaliser régulièrement d’excellentes performances.